(je vous ai eu :) )
L'autre jour j'ai créé une page censée recueillir tous les témoignages, articles, vidéos, photos etc.. sur tout acte ou fait significatif montrant une importante régression en matière des libertés, Ici la page, et en tentant de la diffuser un peu partout, j'ai eu droit à cette réplique :
"régressions de nos libertés!!? quelles libertés avions nous à l'époque Zaba? Expression? individuelles? .. je m'en souviens pas!! Nous n'avions pas des libertés avant pour que ça régresse... au contraire nous cherchons à progresser (...) ne laisse pas ta "non-affinité" avec un certain courant t'aveugler dans tes prises de positions."
Si j'ai décidé de lui répliquer via mon blog, c'est que c'est quasiment une réponse standard partagée par un bon nombre personne.
Par "La liberté n'est pas un tout" je voulais dire que si l'ont a le 51% des libertés, ça ne voudrait absolument pas dire que l'on est libre ! Et ce pour la simple raison que cette liberté rassemble plusieurs éléments importants, notamment la liberté de conscience, du culte, d'opinion, de pensée, d'expression, de la presse, d'association, syndicale... que l'on doit dissocier l'un de l'autre pour y voir plus clair et pour que l'on puisse réagir pertinemment à chaque fois que l'une d'entre elle se trouve à être lésée.
Inutile de vous rappeler les performances enregistrées par le système Benalien en matière de privation de ces libertés, ce même système qui s'est dissout peu à peu (enfin je l'espère) depuis le lendemain du 14 janvier 2011, et où jouir de ces libertés ne faisait plus partie du domaine du fantasme inaccessible, mais est devenu bel est bien une réalité papable qui faisait même envier certains peuples des pays dits "démocratiques" (même si parfois l'ont a usé d'elles d'une façon maladroite).
Et voici que le 24 octobre, date des premières élections transparentes en Tunisie, arriva, et s'en suivit la proclamation des résultats donnant très largement gagnant le Mouvement Ennahdha, Et comme par enchantement, les "dépassements" d'une minorité de zélés religieux ont commencé à voir le jour, la prof agressée verbalement par ses étudiants, l'affiche sur la séparation dans le resto universitaire, les menaces contre les non-croyants et les laïques, etc... tous ces actes et ceux qui vont suivre vont se dérouler avec une impunité totale, alors que les leaders du parti majoritaire pensent à faire virer peu à peu le pays vers un conservatisme légiféré (y a qu'à réécouter leurs déclarations lors des meetings populaires), leurs pions vont faire le reste du travail d'une façon tacite (Le terme pion ne vaut que si l'on ne réagisse pas au moins par des déclarations officielles dénonçant ça et puis par des actes).
Avant de continuer, un petit rappel sur ce que veut dire le mot liberté s'impose :
"La liberté est l'état d'une personne ou d'un peuple qui ne subit pas de contraintes, de soumissions, de servitudes exercées par une autre personne, par un pouvoir tyrannique ou par une puissance étrangère. C'est aussi l'état d'une personne qui n'est ni prisonnière ni sous la dépendance de quelqu'un."
J'aimerais bien m'arrêter pour analyser cette définition, mais c'est qu'elle est tellement simple, explicite et expressive que je ne vois pas comment je pourrais faire mieux que ça !
On ne jouissait pas d'une grande partie de nos libertés avant le 14 janvier 2011, ça c'est un fait ! Mais il ne faut quand même pas renier les quelques unes qu'on a eu depuis les temps de Bourguiba (notamment du domaine des libertés individuelles) et qui ont fait de la Tunisie un modèle unique d'un pays à la fois musulman et moderne, où le pieux côtoyait le non-croyant dans un respect mutuel (Juste pour info, je ne suis pas un fan de Bourguiba), ce même modèle qui a été malheureusement laminé sous Ben Ali par sa politique répressive même contre les plus modérés des musulmans, et c'est surtout ces jours ci qu'on se trouve confronté aux preuves montrant à quel point cette politique était néfaste au modèle en place avant la venue de Ben Ali. En effet, les discours les plus accrocheurs sont désormais devenus ceux populistes mettant l'accent sur l'appartenance arabo-musulmane et imputant une grande partie de la déchéance intellectuelle de notre société au compte de l'usage abusif de la langue française au dépens de l'arabe, alors qu'ont sait très bien que nos lycées et nos facultés produisaient dans les années 60, 70 et 80 des lauréats maîtrisant parfaitement aussi bien l'arabe que le français.
Si j'avais à commenter cette image, je ne vais certainement pas utiliser Ze Expression Cliché qu'est "il n'y avait aucun barbu le 14 janvier qui est sorti manifester..." que je trouve fausse pour la simple raison qu'avant, même les soûlards s'étaient vu intimider par les flics quand ils se laissaient pousser une barbe de 7 jours en les invitants à leur manière d'aller illico la raser. Mais je dirai tout bêtement que je vois un rassemblement de tunisiens sortis dans la rue pour clamer plus de libertés et plus de dignité (comme c'est formulé dans le slogan de notre révolution), on s'était unis tous à l'époque afin d'arracher toutes les libertés que je viens de citer ci-haut, ces libertés qui devaient être par la suite génératrices d'une plus-value considérable à tous les niveaux de notre société.
Pour être franc, à cette époque là, je menais une "assez belle" vie, un salaire acceptable, un assez bon boulot, des sorties nocturnes avec les amis ... j'avais même des placements en bourse ! et pourtant, j'ai senti comme des milliers de tunisiens, pour des raisons diverses peut être mais qui convergeaient tous vers un même idéal de société, la nécessité de sortir ce jour là au risque de perdre certains acquis, vu qu'on ne savait pas qu'on avait un président aussi lâche que ça et qu'il allait "si vite" fuir le pays ! (regardez les exemples de la Libye, Yemen et la Syrie).
Bref, si j'ai parlé de tout ça et de la vision idyllique que j'avais, c'est que je ne cesse de recevoir des claques de la part de notre réalité actuelle, c'est comme si le 14 janvier l'on avait scandait
Bon dit ceci, une chose est sûre pour moi, c'est que je n'irais jamais à dire "On était mieux avant !", en tout cas pas tant qu'on ne touche pas à nos acquis les plus élémentaires en matière de libertés publiques et notamment celle d'exercer son droit à l'opposition, et quand je dis opposition, je ne parle très certainement pas des révoltés qui se sont vite collés le badge "opposition" au lendemain des résultats des élections et qui sûrement après quelques temps vont se plaire dans leur passivité d’antan, mais de la vraie opposition qui j'espère se formera bientôt et agira comme garde-fou aux dépassements éventuels du gouvernement en place, d'où cette page que j'ai cru bon de créer et qui nous permettra de recenser les atteintes à nos libertés, les très peu qu'on avait avant, et les restant qu'on a arraché au prix des sacrifices et de "quelques" centaines d'âmes.
Mais ne pensez surtout pas que cela est suffisant, il faut qu'on s'implique dans la société civile, c'est primordial, je dirais même c'est même vital pour nous.
Et pour finir, je dirai que l'optimisme c'est bien, il parait même que le pessimisme écourterait la vie, mais se voiler la face pourrait très bien écourter notre si précieuse liberté dont on n'a pas encore pu en jouir convenablement après la fuite de notre bourreau.
L'autre jour j'ai créé une page censée recueillir tous les témoignages, articles, vidéos, photos etc.. sur tout acte ou fait significatif montrant une importante régression en matière des libertés, Ici la page, et en tentant de la diffuser un peu partout, j'ai eu droit à cette réplique :
"régressions de nos libertés!!? quelles libertés avions nous à l'époque Zaba? Expression? individuelles? .. je m'en souviens pas!! Nous n'avions pas des libertés avant pour que ça régresse... au contraire nous cherchons à progresser (...) ne laisse pas ta "non-affinité" avec un certain courant t'aveugler dans tes prises de positions."
Si j'ai décidé de lui répliquer via mon blog, c'est que c'est quasiment une réponse standard partagée par un bon nombre personne.
Par "La liberté n'est pas un tout" je voulais dire que si l'ont a le 51% des libertés, ça ne voudrait absolument pas dire que l'on est libre ! Et ce pour la simple raison que cette liberté rassemble plusieurs éléments importants, notamment la liberté de conscience, du culte, d'opinion, de pensée, d'expression, de la presse, d'association, syndicale... que l'on doit dissocier l'un de l'autre pour y voir plus clair et pour que l'on puisse réagir pertinemment à chaque fois que l'une d'entre elle se trouve à être lésée.
Inutile de vous rappeler les performances enregistrées par le système Benalien en matière de privation de ces libertés, ce même système qui s'est dissout peu à peu (enfin je l'espère) depuis le lendemain du 14 janvier 2011, et où jouir de ces libertés ne faisait plus partie du domaine du fantasme inaccessible, mais est devenu bel est bien une réalité papable qui faisait même envier certains peuples des pays dits "démocratiques" (même si parfois l'ont a usé d'elles d'une façon maladroite).
Et voici que le 24 octobre, date des premières élections transparentes en Tunisie, arriva, et s'en suivit la proclamation des résultats donnant très largement gagnant le Mouvement Ennahdha, Et comme par enchantement, les "dépassements" d'une minorité de zélés religieux ont commencé à voir le jour, la prof agressée verbalement par ses étudiants, l'affiche sur la séparation dans le resto universitaire, les menaces contre les non-croyants et les laïques, etc... tous ces actes et ceux qui vont suivre vont se dérouler avec une impunité totale, alors que les leaders du parti majoritaire pensent à faire virer peu à peu le pays vers un conservatisme légiféré (y a qu'à réécouter leurs déclarations lors des meetings populaires), leurs pions vont faire le reste du travail d'une façon tacite (Le terme pion ne vaut que si l'on ne réagisse pas au moins par des déclarations officielles dénonçant ça et puis par des actes).
Avant de continuer, un petit rappel sur ce que veut dire le mot liberté s'impose :
"La liberté est l'état d'une personne ou d'un peuple qui ne subit pas de contraintes, de soumissions, de servitudes exercées par une autre personne, par un pouvoir tyrannique ou par une puissance étrangère. C'est aussi l'état d'une personne qui n'est ni prisonnière ni sous la dépendance de quelqu'un."
J'aimerais bien m'arrêter pour analyser cette définition, mais c'est qu'elle est tellement simple, explicite et expressive que je ne vois pas comment je pourrais faire mieux que ça !
On ne jouissait pas d'une grande partie de nos libertés avant le 14 janvier 2011, ça c'est un fait ! Mais il ne faut quand même pas renier les quelques unes qu'on a eu depuis les temps de Bourguiba (notamment du domaine des libertés individuelles) et qui ont fait de la Tunisie un modèle unique d'un pays à la fois musulman et moderne, où le pieux côtoyait le non-croyant dans un respect mutuel (Juste pour info, je ne suis pas un fan de Bourguiba), ce même modèle qui a été malheureusement laminé sous Ben Ali par sa politique répressive même contre les plus modérés des musulmans, et c'est surtout ces jours ci qu'on se trouve confronté aux preuves montrant à quel point cette politique était néfaste au modèle en place avant la venue de Ben Ali. En effet, les discours les plus accrocheurs sont désormais devenus ceux populistes mettant l'accent sur l'appartenance arabo-musulmane et imputant une grande partie de la déchéance intellectuelle de notre société au compte de l'usage abusif de la langue française au dépens de l'arabe, alors qu'ont sait très bien que nos lycées et nos facultés produisaient dans les années 60, 70 et 80 des lauréats maîtrisant parfaitement aussi bien l'arabe que le français.
Si j'avais à commenter cette image, je ne vais certainement pas utiliser Ze Expression Cliché qu'est "il n'y avait aucun barbu le 14 janvier qui est sorti manifester..." que je trouve fausse pour la simple raison qu'avant, même les soûlards s'étaient vu intimider par les flics quand ils se laissaient pousser une barbe de 7 jours en les invitants à leur manière d'aller illico la raser. Mais je dirai tout bêtement que je vois un rassemblement de tunisiens sortis dans la rue pour clamer plus de libertés et plus de dignité (comme c'est formulé dans le slogan de notre révolution), on s'était unis tous à l'époque afin d'arracher toutes les libertés que je viens de citer ci-haut, ces libertés qui devaient être par la suite génératrices d'une plus-value considérable à tous les niveaux de notre société.
Pour être franc, à cette époque là, je menais une "assez belle" vie, un salaire acceptable, un assez bon boulot, des sorties nocturnes avec les amis ... j'avais même des placements en bourse ! et pourtant, j'ai senti comme des milliers de tunisiens, pour des raisons diverses peut être mais qui convergeaient tous vers un même idéal de société, la nécessité de sortir ce jour là au risque de perdre certains acquis, vu qu'on ne savait pas qu'on avait un président aussi lâche que ça et qu'il allait "si vite" fuir le pays ! (regardez les exemples de la Libye, Yemen et la Syrie).
Bref, si j'ai parlé de tout ça et de la vision idyllique que j'avais, c'est que je ne cesse de recevoir des claques de la part de notre réalité actuelle, c'est comme si le 14 janvier l'on avait scandait
"عصابة العاهرات، محاكمة شعبية" ou je ne sais quoi d'autres comme slogans reflétant les désirs d'une minorité bruyante et menaçante et agissant sous couvert d'une passivité non-innocente de la part des pouvoirs publics.
Bon dit ceci, une chose est sûre pour moi, c'est que je n'irais jamais à dire "On était mieux avant !", en tout cas pas tant qu'on ne touche pas à nos acquis les plus élémentaires en matière de libertés publiques et notamment celle d'exercer son droit à l'opposition, et quand je dis opposition, je ne parle très certainement pas des révoltés qui se sont vite collés le badge "opposition" au lendemain des résultats des élections et qui sûrement après quelques temps vont se plaire dans leur passivité d’antan, mais de la vraie opposition qui j'espère se formera bientôt et agira comme garde-fou aux dépassements éventuels du gouvernement en place, d'où cette page que j'ai cru bon de créer et qui nous permettra de recenser les atteintes à nos libertés, les très peu qu'on avait avant, et les restant qu'on a arraché au prix des sacrifices et de "quelques" centaines d'âmes.
Mais ne pensez surtout pas que cela est suffisant, il faut qu'on s'implique dans la société civile, c'est primordial, je dirais même c'est même vital pour nous.
Et pour finir, je dirai que l'optimisme c'est bien, il parait même que le pessimisme écourterait la vie, mais se voiler la face pourrait très bien écourter notre si précieuse liberté dont on n'a pas encore pu en jouir convenablement après la fuite de notre bourreau.
Je ne comprends pas pourquoi tout le monde se plait à dire que c'est à cause de la répression des musulmans sous Ben Ali qu'Ennahdha a autant la côte aujourd'hui. A croire que nous vivions dans une société d’athées à l’époque. Jamais la religion n’a été aussi présente que sous Ben Ali. Outre le fait d’avoir plongé toute une génération dans l’ignorance et d’inculture les plus totales, notamment à cause d’un système éducatif sclérosé et totalement évidé et dévalorisé, Ben Ali ne s’est jamais privé d’instrumentaliser la religion pour légitimer les dérives de son régime. Une mosquée gigantesque à son nom par ci, un pèlerinage en famille par là sans oublier les débats sur les mœurs et autres allusions religieuses continuellement repris dans les médias à l’unisson. Une autre anecdote probablement moins connue mais tout aussi révélatrice, l'épisode des "moubid" sur facebook, les groupes de fanatiques qui s'amusaient à signaler en masse des profils pour les faire disparaître, des enquêtes ont dévoilé que c'était l'œuvre du gouvernement qui essayait à l'époque de légitimer la censure de facebook toujours avec la vieille excuse de la menace islamiste. Or si la stratégie était bien gouvernementale les petites mains chinoises qui signalaient en masse c'était bien le peuple, le peuple qui a toujours été très bon client des discours religieux qui flirtent avec l’extrémisme. Il y a aussi l’exemple de Sakhr El matri et de son empire zitouna avec ses délires religieux pour préparer le terrain à une éventuelle succession, même Rached Gannouchi l’avait félicité à l’époque. Certes Ben Ali a réprimé des islamistes, mais uniquement ceux qui nourrissaient des ambitions politiques et qui marchaient donc sur ses plates-bandes et représentaient une menace pour son règne. Autrement, pour ce qui est du simple phénomène de société, Ben Ali a largement contribué à faire de notre société un terreau fertile pour les idées rétrogrades des islamistes.
RépondreSupprimerJe ne sais pas si ton commentaire est une critique à mon article ou juste une remarque générale que tu as voulu la partager ici, parce que, et j'ai bien relu mon article, je n'ai absolument pas dis le contraire de ce que tu viens d'écrire :)
RépondreSupprimer:) non c'était pas une critique de ton article,dont je partage le point de vue globalement, juste une petite remarque par rapport "Ben Ali par sa politique répressive même contre les plus modérés des musulmans" (je nuançais en quelque sorte, ce n'était pas du tout agressif : politique répressive oui mais uniquement pour l'islam politique, autrement en tant que phénomène de société il l'a allègrement nourri et développé.
RépondreSupprimernourri et développé contre son gré ! ;) Mis à part pour les 3 dernières années quand il a senti que politique de répression envers les voilées risquaient d'être néfaste pour lui, et qu'il a lâché du lest de ce côté.
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